Les matériaux, moyen de paiement des travaux

Philippe Bernardi

Resumo


S’agissant des matériaux de construction, le schéma qui a longtemps domine l’approche des historiens est celui d’une fourniture assurée soit directement par le commanditaire, soit par l’achat ou la commande à un producteur indépendant. Avec la mise en évidence de l’ampleur de la récupération sur les chantiers médiévaux et modernes, ce modèle s’est en partie fissuré ou nuancé; nous engageant à ne considérer la production que comme une des sources possibles d’approvisionnement des bâtisseurs[2]. Un marché de l’occasion ou du reste s’est ainsi fait jour à côté de celui du neuf, donnant une image plus subtile des modes possibles de fournitures des pierres, des bois, des tuiles ou des briques. La présente contribution se propose de poursuivre ce réexamen de notre grille de lecture du monde de la construction, en s’interrogeant sur la part prise par le chantier lui‑même dans la circulation des matériaux. Alors que l’oeuvre en cours de construction est envisagée avant tout comme un lieu de consommation, voire d’autoconsommation, les sources médiévales et modernes nous la révèlent aussi comme un lieu de mise en circulation de matériaux neufs ou d’occasion: comme un lieu de marché.


[2] Sur cette question, voir, par exemple, les récents ouvrages: Bernard J.‑F., Bernardi Ph. et Esposito D. (dir.), Il reimpiego in architettura. Recupero, trasformazione, uso, Rome, École française de Rome – «Sapienza» Università di Roma, 2008 (Collection de l’École française de Rome – 418), ou Toubert P. et Moret P. (dir.), Remploi, citation, plagiat. Conduites et pratiques médiévales (Xe – XIIe siècle), Madrid, Casa de Velazquez, 2009 (Collection de la Casa de Velazquez – 112).


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